Cette table ronde, qui a réuni des représentants des organisations syndicales de salariés et d’employeurs, de la DRAC Nouvelle-Aquitaine, de la DIRECCTE et de la Région Nouvelle-Aquitaine, principaux membres du Comité régional des professions du spectacle (COREPS), a été l’occasion de mettre en lumière les enjeux de cette instance, quasi unique en France avec celle de la région Occitanie, en terme de dialogue social et d’exprimer l’importance de ses missions et de son influence lors de la construction des politiques publiques.
Cette table ronde était animée par Marc Dalla Longa, directeur adjoint de Pôle emploi à Bègles et responsable de Pôle emploi spectacle.
En préambule de la table ronde, Philippe Mangin, coordinateur du COREPS Nouvelle-Aquitaine, a apporté un éclairage sur la fonction du comité et ses champs d’interventions : « Le COREPS, Comité régional des professions du spectacle, est une instance de dialogue social. Instance, cela veut dire qu’il n’y a pas de structure juridique, les personnes se réunissent parce qu’elles souhaitent le faire. Créé en 2004, il regroupe les représentants des syndicats d’employeurs, de salariés, de la DRAC Nouvelle-Aquitaine, de la DIRECCTE et de la Région Nouvelle-Aquitaine. » Son objectif principal : « Faciliter l’échange entre l’ensemble de ces interlocuteurs afin d’améliorer les pratiques professionnelles et les conditions de travail ; prévenir et désamorcer les conflits ; réaliser des diagnostics partagés ; être une instance de veille des pratiques ; participer à la co-construction des politiques publiques. » Son fonctionnement s’appuie sur une assemblée plénière, un comité de pilotage qui définit et priorise les chantiers sur lesquels les membres souhaitent travailler et de deux groupes de travail. L’un, intitulé « Cellule de veille pour l’emploi », favorise les échanges autour de l’impact des réglementations sur la vie des professionnels et un second, « Politiques et financements publics », s’intéresse à l’impact des politiques publiques sur la vie des professionnels.
À la suite de cette présentation les interlocuteurs présents à la table ronde ont été amenés à s’exprimer sur leur vision du COREPS, ses apports et intérêts par rapport à leur organisation.
Framboise Thimonier (URF-CGT Spectacle) : « Ce n’est pas un lieu de règlement de conflits ou de négociations, la parole circule différemment, chacun est amené à exprimer ses points de vue certes contradictoires, mais de ces contradictions peuvent émerger des intentions communes pouvant peser sur les politiques culturelles régionales ou nationales. La veille faite autour de l’emploi est aussi l’opportunité de faire remonter les difficultés ou les avancés des salariés du secteur aux différents acteurs de l’Etat et de la Région. »
Jean-Luc Bernard (FASAP – FO) : « C’est un espace, dépassionné, d’échanges qui permet d’installer un climat de confiance et de réflexion afin de résoudre un certain nombre de problèmes. »
Isabelle Hermann (SYNDEAC) : « Cet endroit de dialogue est important afin de partager les préoccupations et les problèmes communs. Un des mérites du COREPS est d’avoir une approche bienveillante sur les problèmes du milieu du spectacle, ce qui a été le cas vis-à-vis de la question du travail illégal, par exemple. Les discussions ont été en faveur de l’accompagnement et non pas de la répression. Une des difficultés est d’arriver à faire remonter les travaux du COREPS à tous les niveaux des syndicats pour que cela profite à tout le monde. »
Nathalie Yéramian (SNSP) : « Ce qui est intéressant c’est le dialogue collectif entre les organisations syndicales et les institutions. Le COREPS est ainsi une force de proposition qui dépasse nos individualités pour s’intéresser à l’intérêt commun. Dans le travail que nous avons mené au sein du COREPS concernant le projet du règlement d’intervention de la Région, la discussion avec l’ensemble des syndicats concernés a permis d’avoir une base commune de discussion à proposer aux services de la Région. Même si toutes les propositions n’ont pas été retenues, des pistes d’améliorations ont pu être posées. »
Anne Gérard (Conseillère régionale Nouvelle-Aquitaine) : « Le COREPS est un espace de dialogue exemplaire, précieux car il nous permet « de faire Culture commune ». Le partage contribue à prendre connaissance des questions qui préoccupent les uns et les autres sur les territoires. Il favorise la co-construction via la consultation et la concertation. La réflexion qui est nourrie ici nous donne le pouls en tant qu’élus sur le spectacle vivant et questionne ainsi nos choix vis-à-vis des décisions que nous prenons. »
Patrice Pouzet (Directeur adjoint, DIRECCTE) : « La plus-value de cette instance de dialogue social est dans sa construction : elle a la liberté de choisir les sujets sur lesquels elle veut travailler avec un traitement profitant à l’intérêt collectif. »
Arnaud Littardi (Directeur régional des affaires culturelles, DRAC Nouvelle-Aquitaine) : « Au moment de la reconfiguration de la Région, la question de garder cette instance s’est posée. Mais très rapidement, nous nous sommes dits qu’il était essentiel de pérenniser une instance où il est possible de se concerter à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine dans des rapports francs, sans langue de bois, en posant les problèmes sur la table. Autre intérêt : la coopération avec la DIRECCTE et Pôle emploi. Sans cette combinaison, nous ne serions pas des interlocuteurs efficaces vis-à-vis des représentants des syndicats de salariés et d’employeurs. »
Marie Marceau (chargée de mission, AFDAS) avait également été conviée autour de table pour parler de la réforme de la formation professionnelle entrée en vigueur le 1 er janvier 2019, intitulé « Loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel ». « Cette loi s’appuie sur une individualisation des droits à la formation avec une vraie volonté que les salariés, les intermittents du spectacle puissent mieux envisager leur avenir professionnel. »
Framboise Thimonier (URF-CGT) a déploré la perte du mot formation dans l’intitulé de la loi et craint que cette opportunité de se former tout au long de la vie soit contrainte.
Jean-Luc Bernard (FASAP-FO) a également soulevé des inquiétudes sur la dévalorisation de la monétarisation de l’heure de formation.
Autre point aborder avec la salle : la circulation des informations des travaux du COREPS au sein des organisations syndicales d’employeurs et de salariés.
Pour Isabelle Hermann (Syndeac), il est surtout compliqué « d’arriver à collecter les informations des adhérents pour alimenter les travaux du COREPS. »
En guise de conclusion, l’ensemble des participants convient que « le rythme des réformes va plus vite que le temps nécessaire aux discussions menées au sein du COREPS. »
Pour aller plus loin
Philippe Quintard